Le trek de Santa Cruz

Depuis qu'on prépare ce voyage et qu'on s'est renseigné un peu plus précisément sur le Pérou, on a hâte de faire le trek de Santa Cruz (vous l'aurez compris) !
Après quelques randos d'acclimatation et après avoir optimisé nos sacs à dos en laissant le superflu à l'auberge à Yungay, nous voilà partis tous les cinq (nous 2, Christelle la française avec qui on a fait la laguna 69 et Leni et Yann, deux belges flamands rencontrés la veille au soir).
C'est la première expérience de ce genre pour nous puisque nous n'avons jamais fait de trek en complète autonomie ! On va pouvoir tester le matériel soigneusement choisi avant notre départ, voir si les quantités de nourriture sont adaptées, et tester notre capacité à faire des randos avec "quelques" kilos en plus sur le dos. Vamos !

Jour 1 : Vaqueria - Camping Laguna Huiscash 

Nous prenons le premier collectivo de 7h sauf que cette fois, nous allons jusqu'à Vaqueria et c'est bien plus loin que la laguna 69 !
La piste serpente dans la montagne et le trajet est assez folklorique, à base de musique péruvienne traditionnelle et de shooters d'alcool d'anis proposés par les péruviens qui participent au trajet. Il faut dire que c'est assez sportif. Déjà, ça secoue pas mal à cause des cailloux sur la piste, impossible de dormir. Ensuite, on monte sacrément haut en altitude : on part de Yungay à 2535m d'altitude et on passe un col à 4750m (autant dire que même pour prendre le bus il vaut mieux être acclimaté !).

Finalement après 2h30 de minibus, nous voilà au départ du trek. Nous qui avions un peu "peur" d'être tous seuls sur le parcours (comme la haute saison est terminée et que la météo était incertaine), on n'est pas déçus : il y a déjà plusieurs groupes organisés qui sont prêts à débuter le trek.
On débute le parcours avant eux pour être un peu tranquille. Léni et Yann partent à leur rythme (un peu plus soutenu que le notre), on convient de se retrouver pour le campement du soir.

Le début du sentier se faufile à travers les habitations et les champs, on croise quelques habitants et des enfants qui semblent bien habitués à voir le défilé des touristes randonneurs. On rejoint ensuite une superbe plaine entre deux versants de montagnes, où des ânes se reposent de leurs parcours et de leurs chargements. La vue sur les montagnes est déjà très belle et on en profite pour pique-niquer ici.
On continue notre parcours au bout de cette immense prairie, parcourue par une rivière et entourée d'une forêt assez peu dense. La lumière est belle et la vue sur les montagne toujours aussi belle. On rejoint le campement de Paria vers 15h, comme on l'avait calculé, après 9.7 km et 445 m de dénivelé +, 318 m de D-.
Voyant que ce campement est désert et que le suivant n'est pas trop loin (sur la base des informations dont nous disposons), on fait le choix de poursuivre encore un peu notre parcours... pas la meilleure idée qu'on ait eue !
En effet, nous sommes censés marcher encore 3km avec 100m de dénivelé positif, ce qui reste largement faisable vu notre forme à 15h. Cependant, après 1h de marche, on commence à avoir de sérieux doutes sur la durée que nous avons estimée : le chemin est toujours aussi raide, on s'éloigne de plus en plus de la rivière qui sera notre source d'eau pour la nuit et pas de camp à l'horizon. Les rares personnes qu'on croise sur le chemin nous confirment que c'est encore plus loin mais les informations ne sont pas toujours cohérentes... On commence à être à cours d'énergie et on garde en tête que le soleil se couche à 18h. Si on peut éviter de finir à la frontale pour la première journée ça serait mieux !
Thibaut prend un peu d'avance et avec Christelle on prend notre temps pour gravir pas à pas cette montée qui nous semble interminable. Finalement, au détour d'un virage, en haut de la crête et près de 2h20 après le premier campement de Paria, on arrive enfin à ce fameux second campement ! On est tous épuisés, ces "3 km" auront vraiment été de trop et auront sérieusement joué avec nos nerfs... malgré tout, la vue depuis ce campement est superbe sur le Mont Taulliraju et on en profite avant que le soleil ne se couche.
On aura finalement marché 13km pour 885m de dénivelé + et 320 de D-.
On monte rapidement les tentes, aidés par Léni et Yann qui sont déjà arrivés et on prépare un repas rapide avant d'aller se coucher, le tout à 4250m d'altitude.

PS : Oui c'était une manière originale de fêter nos noces de coton... on fera peut-être plus simple pour nos 2 ans ! (ou pas :-D)

Jour 2 : Camping Laguna Huiscash  - Camping Laguna Jatuncocha

La nuit n'aura pas été aussi reposante que ça, puisque j'aurais toussé non stop et n'aurais donc fait que des micro-siestes, pas franchement le sommeil réparateur attendu ! Pas beaucoup mieux pour Thibaut par conséquent, ni pour les autres campeurs qui auront eu un peu froid lors de cette nuit humide.
En ce qui nous concerne, on est bien contents de notre matériel de camping, tente comme duvet, on est bien équipés pour ces conditions, c'est déjà ça !
On prépare le petit déjeuner alors que la pluie se met à tomber... la deuxième journée commence bien !

On prend notre temps pour déjeuner, replier nos affaires (on attend la fin de l'averse) puis débuter la randonnée, vers 9h, alors que les deux autres couples sont déjà partis.
Aujourd'hui c'est la journée la plus difficile, il faut monter jusqu'au col de Punta Union à 4750m ! Avec le parcours rallongé d'hier on a gagné un peu de temps, mais aujourd'hui pas de folie : on s'en tient au programme !
On attaque donc l'ascension, progressivement au début, puis de manière un peu plus intense sur la seconde partie. Quelques averses de pluie puis de mini-grêlons sont de la partie, mais on est équipés et ce n'est rien d'insurmontable. En revanche, quelques nuages viennent s'accrocher au col et on craint de ne pas avoir la vue une fois arrivés au sommet...

Après 2h30 de montée, nous voilà enfin à Punta Union à 4750m ! On a de la chance, entre deux nuages, la vue sur l'autre vallée est finalement dégagée. Et on voit le soleil au loin pour la suite du parcours, ça nous motive pour la descente !
On retrouve sur le chemin le second couple qui campait à proximité de nous hier soir, Antoine et Emilie, deux français. Il se sont un peu perdus sur la descente et reviennent donc sur leurs pas. On fera la suite du parcours ensemble.

On redescend donc progressivement vers la plaine qu'on voit au loin, le temps devient plus clément et on arrive au campement officiel de Taullipampa vers 14h30. Cette histoire vous rappelle quelque chose ? On se dit qu'il est encore tôt et qu'on pourrait peut-être pousser jusqu'au prochain campement... à 3km ! (oui oui, un jour on finira bien par apprendre de nos expériences... ;-D). L'avantage de poursuivre encore un peu c'est que ça nous permet d'envisager de faire le trek en 3 jours au lieu de 4... Avec moi qui suis malade, on est plutôt intéressés par cette option !
Bref, une fois de plus, le parcours est un peu plus long que prévu (maintenant on a appris à se méfier des 3km péruviens), mais moins pénible car c'est du plat, même si une partie se fait dans le sable avec un bon vent de face. Toujours est-il qu'on arrive vers 16h30 et qu'on plante nos tentes sur un espace non officiel, mais avec de l'eau à proximité est quelques arbustes pour se protéger du vent.
On fait chauffer l'eau pour le thé et les pâtes, on dîne en compagnie des ânes qui sont visiblement ravis d'avoir de la visite et au dodo !
On aura encore marché 13km pour 560m de D+ et 905m de D-.

Jour 3 : Camping Laguna Jatuncocha - Cashapampa

Levés vers 6h30 avec une bonne fièvre pour ma part (décidément, quand ça veut pas ça veut pas !), on profite de la vue sur le Quitaraju avant de déjeuner et de replier les tentes. Il ne nous reste que de la descente aujourd'hui, ça devrait aller, même s'il y a quand même 16km à parcourir. Départ 8h15.
Le soleil est de la partie, le chemin plutôt sympa au début mais rapidement encombré de gros cailloux qui ralentissent notre allure. Ajouter à ça la fièvre et la fatigue accumulée... la journée va être longue !
On poursuit notre parcours entre les deux vallées, en faisant des pauses régulières et en restant vigilants sur nos pas au milieux des pierriers. La descente semble interminable mais le chemin plutôt agréable : on longe une rivière qui se transforme bientôt en puissant torrent, au milieu d'une végétation assez variée.
Après 6h de marche, on rejoint enfin Cashapampa ! On est vraiment heureux d'être arrivés !
Après 43,5km en 3 jours, 1630m de D+ et 2370m de D-, on est rincés, mais vraiment heureux de l'avoir fait ! Les conditions météo n'étaient certes pas optimales (encore que, les prévisions étaient pires...) et mon état de santé n'a pas aidé mais on a tout de même vu de superbes paysages, ça valait vraiment le coup.

La journée n'est pas tout à fait terminée : on récupère un collectivo, qui nous conduit à Caraz (en 1h), puis un second collectivo qui nous ramène à Yungay où nous avions laissé nous affaires à l'auberge, et enfin un dernier collectivo pour Huaraz ! On finit par retourner à notre première auberge à Huaraz, qu'on avait bien appréciée et ça nous fait un peu la sensation de rentrer à la maison : on a la même chambre, de l'eau chaude et le patron est toujours aussi accueillant. On va enfin pouvoir se reposer.

Vous l'aurez compris, les jours qui suivent seront consacrés à une bonne remise en forme : douche, dodo, pharmacie pour me soigner... et articles en retard à publier !