Sorata et la cordillère royale
Pour se remettre de nos émotions du Huyana Potosi et retrouver un peu de forces, nous avons passé deux jours supplémentaires à La Paz, puis nous avons rejoint le village de Sorata, à l'autre extrémité de la cordillère royale (au nord).
Malheureusement, une petite gastro viendra contraindre nos plans pour les prochains jours et me demandera quelques jours de repos supplémentaires à Sorata.
Sorata
Ce tout petit village est situé à 3h de bus de La Paz et dans un cadre idéal : à 2700m, au pied de la cordillère royale et plus précisément des massifs de l'Illampu (6368m) et de l'Ancohuma (6427m). Ces deux "monstres" s'aperçoivent depuis le village, alors qu'on est tranquillement installés sur les bancs de la place principale, à l'ombre des palmiers. Sorata semble également bénéficier d'un climat particulièrement clément, puisqu'on n'aura pas vu une seule goutte de pluie en une semaine et que même lorsque le mauvais temps s'abat sur les montagnes, il y a toujours un rayon de soleil qui illumine le village.
Il y a assez peu d'hôtels/restaurants et une grande partie sont fermés hors saison, si bien qu'on s'est retrouvés être les deux seuls touristes les premiers jours. Bien qu'il y ait assez peu de choses à faire dans le village, la beauté des paysages aux alentours et la vie paisible sur la place centrale, nous ont fait suffisamment de sujets d'observation pour ces quelques jours au calme.
Jour 1 : Sorata - Laguna Chillata
Ca y est, après 3 jours de repos forcés, la forme est à peu près retrouvée, les provisions sont achetées, on reprend les treks !
Aujourd'hui, pour une "reprise" c'est du costaud : 1500m de dénivelé positif et 13 kms de marche pour atteindre la laguna Chillata, perchée à 4200m d'altitude, au pied de l'Illampu.
Heureusement, la première partie de la rando se fait sur une piste carrossable (mais quasi sans circulation, on a du voir 3 voitures en 3h) et du coup la pente est assez douce. On serpente au milieu des habitation disséminées, des plantations et sous les eucalyptus. Le temps est un peu couvert, ce qui nous cache un peu la vue sur les montagnes mais nous évite de trop chauffer en plein soleil.
On monte progressivement, en saluant les villageois et en faisant attention aux animaux qui prennent la piste pour une extension de leur pâturage : vaches, chevaux, ânes, moutons et quelques chiens "de garde" un peu amorphes.
Finalement, après 4h de rando, nous voilà au bout de la piste, il reste à emprunter un sentier bien escarpé pour la dernière partie. La salade de riz du pique-nique engloutie, on attaque la dernière étape.
Ca monte raide et il fait soudainement beaucoup plus froid, on sent qu'on s'approche des glaciers.
Finalement, après 2h30 de plus, nous voilà à la laguna Chillata. Elle est vraiment jolie même si, malheureusement, on n'aperçoit pas l'Illampu au dessus, à cause des nuages.
Pour une fois qu'on finit un trek tôt, on en profite : baignade dans la lagune pour Thibaut (!?), on monte rapidement la tente pour se mettre au chaud et on se prépare un petit thé.
Le temps de se requinquer un peu, on commencer à entendre l'orage gronder au loin... En jetant un oeil hors de la tente, les nuages commencent également à baisser un peu.
On décide de temporiser, il est encore tôt, le vent a l'air de pousser les nuages dans le bon sens et l'orage est encore loin.
N'empêche à chaque coup de tonnerre on se pose un peu la question de l'évolution pour la suite...
La situation reste correcte maintenant mais qu'en sera-t-il au milieu de la nuit ?
Bref, voulant assurer le coup, on prend la décision de redescendre plus bas, où on avait pique-niqué afin de ne prendre aucun risque pour la nuit.
En revanche, ça compromet largement le programme du lendemain... et cumulé à mon état de fatigue, la décision est prise de passer la nuit puis de redescendre tranquillement à Sorata.
On passe néanmoins une soirée bien sympathique, sur une grande plaine où traversent les troupeaux de moutons qui redescendent de leur après-midi à profiter de l’herbe bien verte des montagnes. Joli coucher de soleil sur la vallée, ruisseau à proximité, un peu le spot de camping idéal !
Par contre, difficile de trouver le sommeil pour ma part : dès qu’un éclair apparait (même loin), il illumine tout l’intérieur de la tente. Et j’ai un peu du mal à me retenir de compter les secondes entre l’éclair et le tonnerre. L’orage est loin, aucun risque, mais je suis contente qu’on soit redescendus.
Jour 2 : Laguna Chillata (encore !)
Pas de pression pour le réveil ce matin, on veut juste éviter de faire la grasse mat’ pour ne pas se faire trop remarquer par les bergers qui passent à proximité de notre tente. Et quelle bonne surprise au réveil : un grand ciel bleu et un soleil qui nous réchauffe. Cet endroit est vraiment magnifique et la vue est superbe pour le petit déjeuner.
On regrette un peu d’être redescendus hier, la vue sur l’Illampu doit être à couper le souffle depuis la laguna. Mais finalement on ne s’est pas levés si tard, on pourrait presque tenter à nouveau le coup te poursuivre cette rando ? Et voilà qu’on se motive à replier la tente dans un temps record et à repartir sur le même sentier qu’hier, qu’on connait si bien.
Ceci dit, le programme du jour 2 était déjà bien costaud en théorie et avec le retour en arrière qu’on a fait, on n’aura pas le temps d’atteindre la laguna Glaciar (sans parler des 1500m de dénivelés qu’il faut encore faire pour l’atteindre !). On décide qu’on ne passera pas à la laguna Glaciar et qu’on coupera le chemin avant pour prendre un raccourci vers le 2ème campement. Evidemment ce n’était pas le plan initial et le raccourci on ne le connait pas, mais vu le nombre de troupeaux qui a dans les alentours et qui tracent des “chemins à moutons”, on devrait s’en sortir ! ;-)
2h30 de montée, arrivée à la laguna Chillata, l’Illampu est déjà dans les nuages… ils sont d’ailleurs beaucoup plus bas aujourd’hui, et on poursuit la partie du chemin qu’on ne connait pas dans un épais brouillard. Pas de bol, on arrive sur un pierrier, dur de se repérer et visiblement les cairns n’ont pas la même signification ici !
Finalement, on parvient à trouver le chemin de “la brèche”, qui nous conduit dans l’autre vallée, littéralement au pied de l’Illampu et de l’Ancohuma cette fois. Et là c’est de nouveau un pierrier qui nous attend. Pas facile de se repérer mais surtout ça s’annonce compliqué pour trouver un chemin alternatif.
On a quand même un peu de chance, il y a un troupeau de vaches dans la vallée et on repère assez rapidement leur berger. On lui demande par où on peut redescendre de ce côté. D’après lui uniquement deux options : aller jusqu’à la laguna Glaciar, au dessus de nous, ou faire demi-tour jusqu’à Chillata. Lui-même vient de Chillata et il nous déconseille fortement d’essayer de descendre par un autre endroit, c’est dangereux, il y a des falaises en bord de rivière.
On est un peu perplexes au départ, mais c’est vrai que les abords directs de la rivière sont carrément impraticables. Peut-être qu’en allant plus loin ? On marche encore 30 min pour essayer de voir à quoi ressemble l’autre flan de la vallée qui est assez loin, mais les nuages nous cachent la vue et ça semble assez rocailleux. Et puis qui mieux qu’un berger local pour nous renseigner sur l’état du terrain ?
Bref, on se fait une raison : on n’a pas le temps (ni l’énergie pour ma part) d’aller jusqu’à la laguna Glaciar, il faut faire demi-tour.
Et c’est ainsi qu’on repassera pour la troisième fois devant la (jolie, heureusement) laguna Chillata.
On rejoint à nouveau notre spot de camping préféré et cette fois, c’est sûr, c’est notre dernière nuit dans la cordillère royale. Toujours des orages au loin…
Jour 3 : Retour à Sorata
Au lever du soleil…. Grand beau temps ! On remonte à la laguna Chillata ?
Non, là c’est bon. On a appris de ces derniers jours et on ne va pas s’épuiser à faire cette rando, il est temps de passer à autre chose. Après un petit déjeuner copieux et après avoir replié nos affaires, on traverse la plaine pour prendre du recul et profiter au mieux de la vue sur les massifs. C’est splendide. Ils ont l’air si proches, si accessibles (mais on sait maintenant que ce n’est pas le cas !). Ca donne vraiment envie de passer la journée à les contempler !
Mais cette fois, on est impatients de rejoindre Sorata, au soleil et de se reposer de ces 2 jours (qui auront quand même été bien costauds physiquement !).
La descente se fait facilement, le long de la piste. On se retourne sans cesse pour profiter de la vue sur les sommets. Pour une fois, il semblerait que ce soit une vraie belle journée, pas un nuage à l’horizon !
On arrive à Sorata en fin de matinée et c’est bien animé : il y a un grand marché sur la place principale.
On s’installe dans le même hôtel qu’avant la rando, une petite douche, puis on part faire quelques achats sur le marché pour un gigantesque pique-nique bien mérité. Au menu : sandwichs bien garnis et même des fraises en dessert !
Par un sacré hasard, on croise le berger rencontré hier lors de la rando. Il est venu en famille profiter du marché. Il prend de nos nouvelles et a l’air rassuré de nous voir de retour à Sorata. Lorsqu’on lui explique qu’on a fait demi-tour il nous redit qu’il était impossible de passer par l’autre vallée et que c’était trop dangereux…
Cette étape dans la cordillère royale nous laisse tout de même quelques regrets. A cause d’une météo assez capricieuse (mais normale pour la saison) et d’une condition physique pas au top, on n’aura pas profité autant que ce qu’on voulait de cette région. On la quitte donc un peu déçus mais on se promet d’y revenir lors d’un prochain voyage parce que ce qu’on a vu nous a vraiment enchantés et il y a tellement de possibilités de randos qu’on pourrait se concentrer uniquement là-dessus !
Après une soirée au calme à Sorata, on rejoint la Paz pour une journée avant de changer radicalement de décor : direction l’Amazonie, à Rurrenabaque !
Raisonnable c est bien !
RépondreSupprimerNous avons la joie de vous voir et de vous lire le long de vos itinéraires. Heureusement qu'il y a des moments où on peut sourire, car je préfère occulter nos sensations lors de vos ascensions! Nous n'arrivons pas à nous dire qu'ils puissent s'agir de vous. On vous aime, be careful
RépondreSupprimerPape et Baba, avec l'appui de nini, Gros bisous
C'est vrai que les photos donnent envie .....
RépondreSupprimerMais je rejoins le commentaire de Françoise et Manu !
Sophie P.